Il fut un temps où les gens venaient visiter régulièrement les musées, et surtout y allé avide de savoir, de connaissances, malheureusement cette époque semble plutôt révolue. Aujourd’hui, les gens viennent par curiosité, plus que pour apprendre réellement, et c’est un fait que Gauvain, en tant que conservateur de musée, déplore grandement. Il aime toujours autant ce qu’il fait, mais ne plus être à même de pouvoir partager son intérêt pour l’histoire que représente tout ce qu’il possède dans son musée avec autrui le mine quelque peu. Alors, bien évidemment, dès que l’occasion se présente de tomber sur une personne qui semble montrer un vif et réel intérêt pour l’histoire, il ne peut que se réjouir et avoir envie de faire plus ample connaissance avec cette personne.

Le vampire possède un excellent sens de l’observation, et il ne lui est pas difficile de repérer dans la gestuelle des gens qui arpentent les galeries de son musée, ceux qui sont là pour tuer le temps de ceux qui y sont par réelle envie, surtout quand certains visages reviennent de temps en temps, voire régulièrement. Ce qui est exactement le cas ces derniers temps avec une jeune demoiselle. Gauvain fut le premier étonné de voir une adolescente de cette époque montrer un si grand intérêt pour ce qui se trouve dans musée. La jeunesse actuelle ne s’intéresse plus à grand-chose qu’à leur téléphone, jeux vidéos et autres ordinateurs. Alors forcément, ça le change de voir une frimousse si jeune rôder par là. Oh, il pourrait s’agir d’un être comme lui, vampire, hybride ou même sorcière, mais elle n’en a pas l’aura. Non, clairement, elle sent l’humanité à plein nez.

Jusqu’à maintenant, il n’a jamais eu l’occasion, ou tout du moins, jamais pris l’occasion de discuter avec elle. Gwaine est très bon orateur, mais pas forcément des plus à l’aise pour parler avec des inconnus et encore moins une adolescente de quinze ou seize ans, peut-être un petit peu plus, mais qu’importe, et d’entamer une conversation sans paraitre étrange, voire suspect, lui qui d’apparence s’approche de la trentaine. Mais en cette fin de journée, alors qu’elle est là, à une heure de la fermeture de ce lieu de culture qu’il garde avec passion, il s’approche silencieusement d’elle, se place à ses côtés. « Il semblerait que vous appréciez l’histoire de l’art, c’est une qualité peu courante de nos jours. » Le vampire ne la regarde pas, se contentant de fixer l’objet devant lui, un vase égyptien très ancien, les mains croisées dans son debout, le dos droit, attendant de voir comment la jeune fille va réagir.